La responsabilité

c’est une valeur que tout le monde connaît, un comportement que chacun espère… surtout chez les autres.

Nous voulons des collaborateurs responsables, des enfants autonomes, des leaders qui assument. Mais au fond, savons-nous vraiment ce qu’est la responsabilité ? Comment elle se développe ? Comment elle s’enseigne ? Et surtout, comment l’incarner au quotidien sans tomber dans la culpabilité, le contrôle… ou la fuite ?

La responsabilité est une valeur que nous croyons acquise… jusqu’au jour où elle devient inconfortable. Où commence ma part ? Et surtout : où s’arrête-t-elle ?

Est-ce que la responsabilité est quelque chose qu’on porte naturellement en soi ? Ou est-ce qu’elle se construit, petit à petit, à travers l’éducation, l’exemple, la confiance qu’on nous donne (ou pas) ?

La responsabilité, ce n’est pas si simple

Prenons un exemple concret : Quand un collaborateur ne respecte pas un engagement, ou qu’un enfant oublie une règle, qui est responsable ? Est-ce uniquement de leur fait ? Ou bien est-ce aussi une question de contexte, de clarté dans les attentes, de confiance transmise ou non ?

Cette question est d’autant plus cruciale en entreprise, où l’on attend des collaborateurs qu’ils soient autonomes, engagés, responsables. Mais avons-nous créé un environnement où cette responsabilité peut réellement s’exprimer ?

• A-t-on clarifié ce qu’on attend d’eux ?

• A-t-on instauré une culture du droit à l’erreur ?

• A-t-on formé les managers à déléguer autrement qu’en “donnant des ordres” ?

Histoire : Le jardin abandonné

Un jour, dans un petit village, un homme décida de confier son jardin magnifique à trois jeunes apprentis. Il leur donna des outils, des graines, un plan, et leur dit :

“Je m’absente pendant une saison. À mon retour, je veux voir un jardin florissant. À chacun de prendre soin de sa parcelle.”

Chacun avait un tiers du jardin.

• Le premier se dit : “Je vais suivre exactement les instructions. Je ne prendrai aucun risque.” Il fit le minimum, planta les graines, arrosa de temps en temps… et attendit.

• Le deuxième pensa : “Pourquoi m’embêter ? Ce n’est pas mon jardin. Si ça pousse, tant mieux.” Il abandonna presque tout effort.

• Le troisième, lui, prit la chose à cœur. Il adapta le plan aux conditions locales, désherba chaque jour, ajouta du compost, observa les besoins de chaque plante. Il se leva tôt et resta tard.

À la fin de la saison, le propriétaire revint.

• Le jardin du premier était sec et clairsemé.

• Le deuxième était devenu une friche envahie par les ronces.

• Le troisième était un paradis de fleurs, de légumes et d’abeilles.

Le propriétaire sourit et dit au troisième :

“Tu as compris : la responsabilité n’est pas de faire ce qu’on t’a dit, mais de répondre avec cœur à ce qui t’est confié. Je te confie désormais tout le jardin.”

Être responsable, ce n’est pas juste obéir ou éviter les fautes — c’est prendre soin de ce qui nous est confié, comme si cela nous appartenait.

La loi du miroir

John Maxwell parle de la loi du miroir :

“La manière dont je me vois détermine la manière dont je vois les autres.”

Et si cela s’appliquait aussi à la responsabilité ?

• ➡️ Si je me vois comme victime, je verrai les autres comme des fautifs.

• ➡️ Si je me vois comme acteur, je verrai les autres comme des personnes capables de faire leur part.

Travailler sa propre posture de responsabilité, c’est donc ouvrir un espace d’exigence et de confiance pour les autres.

Et quand la responsabilité est rejetée ?

Il arrive aussi que la relation se déséquilibre. Certaines personnes fuient systématiquement leur part. Elles trouvent toujours une excuse, un coupable, un contexte extérieur à accuser. C’est une forme de manipulation subtile — parfois inconsciente — qui peut miner la dynamique d’une équipe.

Comment réagir sans tomber dans le conflit ou la sur-responsabilisation?

Quelques clés : ✔️ Nommer les faits, calmement ✔️ Refuser de tout prendre en charge à leur place ✔️ Redonner la responsabilité à l’autre avec des questions comme : “Qu’est-ce que toi tu peux faire maintenant ?” ✔️ Poser des limites saines, sans agressivité ✔️ Et parfois… lâcher prise, car on ne peut pas responsabiliser quelqu’un malgré lui.

Et si, parfois, le problème venait aussi… de nous ?

À l’inverse, il nous arrive à tous de vouloir trop faire. Par bienveillance, par perfectionnisme, par besoin de contrôle… On prend à notre charge ce qui ne nous appartient pas.

Une posture où je pense aider, mais où je prive l’autre d’apprendre, de se positionner, de prendre sa juste part.

Cela commence par des phrases comme : “Je le fais pour lui éviter une difficulté.” “Elle ne saura pas gérer, je préfère m’en occuper.” “Il a déjà beaucoup à faire, je vais prendre sur moi.”

Et cela finit par une fatigue morale, une charge mentale invisible, un déséquilibre dans les relations.

Apprendre à rendre à chacun sa part

La responsabilité, ce n’est pas juste répondre de ses actes. C’est apprendre à tracer une frontière saine : entre ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre.

Dans nos parcours de valeurs, nous travaillons cette posture avec attention. Car c’est un levier puissant pour transformer les dynamiques d’équipe, renforcer la confiance et faire émerger des collaborateurs réellement autonomes.

Et un dernier point: La responsabilité implicite — L’accident de Korean Air

Dans le livre Outliers, Malcolm Gladwell étudie pourquoi certaines compagnies aériennes ont eu des taux d’accidents élevés, notamment Korean Air dans les années 1990.

Il analyse un crash d’avion et découvre quelque chose d’important :

→ Ce n’était pas un problème technique, mais un problème culturel.

L’histoire en résumé :

Dans l’un des accidents, l’avion s’écrase parce que le copilote n’ose pas contredire le commandant de bord, même s’il voit que ce dernier prend de mauvaises décisions en approche finale.

Pourquoi ? Parce que dans la culture coréenne de l’époque, l’autorité est très respectée, et remettre en question un supérieur est mal vu.

Le copilote a laissé entendre plusieurs fois qu’il y avait un danger… mais jamais de manière directe.

Résultat : personne ne prend la responsabilité de dire “Stop, on va dans le mur.”

Le point de Malcolm Gladwell :

Ce crash montre que la responsabilité ne dépend pas seulement de la compétence, mais aussi de la culture, du langage, de la hiérarchie et du courage de parler.

Il dit en substance :

“La responsabilité ne se limite pas à faire ce qui est prescrit. Elle implique aussi d’agir quand les autres ne peuvent pas ou ne veulent pas le faire.”

Conséquences concrètes :

Korean Air a radicalement changé sa formation des équipages pour encourager la parole ouverte et baisser le “power distance” dans le cockpit.

Résultat : leur sécurité est aujourd’hui exemplaire.

A retenir pour le leadership ou le coaching :

Une culture qui empêche les individus d’assumer leur responsabilité (en parlant, en corrigeant, en agissant) crée des risques invisibles.

La vraie responsabilité, c’est oser faire ou dire ce qui est nécessaire, même quand la structure ne l’encourage pas.

Et vous ?

• ➡️ Comment cultiver la responsabilité dans nos relations professionnelles ?

• ➡️ Déjà pris trop, ou pas assez, de responsabilité dans une situation clé ?

• ➡️ Comment apprendre à rendre à chacun sa juste part ?

Cette valeur de la responsabilité est aussi complexe qu’essentiel. Cette valeur fait parti de plusieurs de nos modules. Découvrez ici: Parcours de Valeurs™ – 👉 Leadership bienveillant