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Un piège ou un devoir?
La Générosité
Donner sans se perdre : comprendre les dynamiques en jeu
Dans les Parcours de valeurs, nous analysons chaque valeur comme un système : son fonctionnement, ce qu’elle nourrit en nous, comment elle influence nos choix, avec ses conséquences ou ses bénéfices.
La générosité, par exemple, dépasse le simple fait de donner : elle façonne nos relations, notre rapport au manque, et notre vision du monde — entre abondance et pénurie.
Mais souvent lorsque nous travaillons cette valeur de la générosité, un malaise est partagé, quelle est la limite de la générosité? Car Il existe un autre mécanisme, bien plus déstabilisant : celui que nous rencontrons face à la pauvreté, dans la rue, dans un regard ou une demande inattendue. Un système qui éveille notre compassion… mais aussi notre malaise, notre frustration et nos limites.
Dans cette lettre de nouvelles j’aimerais vous présenter les travaux de Robert Cialdini, psychologue spécialisé dans la persuasion, l’influence et leurs dérives.
J’y ai découvert des clés pour mieux comprendre ces mécanismes qui nous sollicitent et parfois nous dépassent.
🔍 Zoom sur Cialdini : comprendre ce qui se joue en nous
J’ai eu le privilège de suivre une formation avec Robert Cialdini, ce qui a été un véritable déclic. Cialdini n’étudie pas seulement la manipulation : il décrypte les mécanismes humains normaux, ceux qui orientent nos décisions, souvent à notre insu. Son approche est passionnante, car elle révèle comment notre cerveau cherche naturellement à être cohérent, à éviter le malaise social et à répondre aux signaux de détresse ou d’urgence.
Ce que j’ai compris à travers lui, c’est que certaines interactions — comme celles que nous vivons face à la pauvreté — ne relèvent pas uniquement de la générosité ou de la morale. Elles activent en nous des réflexes profondément ancrés, presque automatiques.
Nous ne réagissons pas seulement à une personne, mais à une dynamique d’influence qui se met en place sans que nous la voyions.
Cialdini identifie plusieurs de ces dynamiques : la réciprocité, l’engagement, la sympathie, la rareté, la pression du regard social, l’autorité… Ce sont des mécanismes naturels, souvent utiles, mais qui peuvent aussi nous courcircuiter dans des situations où la demande n’est pas limpide, où le cadre est flou, ou lorsque l’autre utilise (volontairement ou non) ces mêmes mécanismes pour obtenir davantage.
Comprendre ces principes m’a permis de mettre des mots sur un malaise que beaucoup vivent :
👉 Pourquoi est-il si difficile de dire non ?
👉 Pourquoi me suis-je senti poussé plus loin que je ne le souhaitais ?
👉 Pourquoi ai-je perçu la demande comme plus “légitime” qu’elle ne l’était réellement ?
Ce n’est pas un manque de générosité.
Ce n’est pas de la faiblesse.
Ce sont simplement des mécanismes humains qui se déclenchent automatiquement — et que Cialdini nous aide à reconnaître pour retrouver notre liberté intérieure.
Ce recul change tout :
au lieu d’agir sous pression, nous pouvons agir par choix.
Au lieu de nous sentir vidés, nous pouvons garder la paix.
Au lieu de subir une dynamique, nous pouvons la discerner… et rester alignés avec nos valeurs.
Je vous propose un exemple concret.
Une rencontre qui m’a révélé beaucoup plus que je ne le pensais
As-tu 5 francs pour passer la nuit?
C’était simple, presque banal.
Il fait froid. Mon mari lui propose de venir boire un café.
Il me parle d’une foulure : je lui offre une crème pour le soigner.
Aucun merci. Je m’en étonne intérieurement, mais je reste ouvert.
Puis, soudain, la demande change :
ce ne sont plus 5 francs, mais 120 francs — « pour rentrer dans son pays ».
Je sens une tension monter.
Pas de colère.
Plutôt une sorte de lassitude, cette sensation étrange que plus j’aide, plus l’aide devient un appel à davantage.
Ce n’est qu’après coup que j’ai compris que plusieurs dynamiques psychologiques — décrites par Robert Cialdini — avaient influencé ma réaction.
Et peut-être les vôtres aussi, dans des situations similaires.
Les 7 principes de Cialdini – et comment ils s’activent dans cette rencontre
1. La réciprocité brisée
Lorsque nous offrons quelque chose — un café, un sourire, du temps — nous attendons inconsciemment une reconnaissance minimale.
Quand elle ne vient pas, une dissonance s’installe.
Ce manque de réciprocité nous blesse plus qu’on ne l’admet. Ou dans l’autre sens, quelqu’un nous offre quelque chose et pour ne pas nous sentir redevable, nous donnons plus en retour.
2. L’engagement qui nous piège
Dès qu’on a dit oui une première fois, notre cerveau nous pousse à rester cohérents avec ce que nous avons commencé.
Dire non devient difficile.
Cialdini dit que la cohérence est l’une des forces psychologiques les plus puissantes.
C’est pourquoi un petit geste peut nous entraîner plus loin que prévu.
3. Le regard des autres (la preuve sociale)
En public, refuser une demande semble lourd.
On ne veut pas paraître indifférent, insensible, ou pire : inhumain.
Même si personne ne nous observe vraiment… notre cerveau se comporte comme si c’était le cas.
4. L’autorité de la vulnérabilité
La vulnérabilité a un effet puissant.
Une foulure, une douleur, une histoire triste — tout cela active notre empathie, mais aussi une obligation morale implicite.
Dire non devient presque impossible.
5. La sympathie (le lien rapide)
Même une courte conversation crée un mini-lien.
Et nous aidons davantage quelqu’un avec qui nous venons d’échanger qu’un inconnu complet.
Cette sympathie naissante amplifie notre générosité… au-delà du raisonnable.
6. L’urgence qui s’intensifie (la rareté)
Au début, il s’agit de 5 francs.
Puis il y a un train à prendre.
Puis un retour au pays.
La situation devient soudain critique.
L’urgence rend notre jugement flou.
Nous aidons vite, parfois trop vite.
7. L’unité : le sentiment de ressemblance
On aide plus facilement quelqu’un que l’on perçoit comme “semblable”.
Une croyance partagée (il se disait aussi chrétien) ou autre chose peut créer un lien identitaire rapide qui renforce la générosité, parfois au-delà de nos limites.
Conclusion
La blessure cachée : notre désir d’impacter l’autre
Ce que j’ai découvert, c’est que sous ma frustration se cachait un désir bien plus humain :
le désir de faire une différence.
Même inconsciemment, on espère que :
- notre geste sera un déclic
- notre aide “aidera vraiment”
- l’autre changera quelque chose.
Mais ce désir se heurte à la réalité que la mendicité est souvent un système, une habitude, un fonctionnement, parfois une organisation.
Vouloir provoquer un changement profond dans ces conditions est-ce réaliste?
Alors que faire ? Comment rester humain sans se faire happer ?
Voici ce qui m’aide aujourd’hui :
1. Décider à l’avance ce que je donne
- du temps
- de l’argent
- une parole encourageante
Mais la règle est claire avant
2. Savoir dire non sans se justifier
« Je m’arrête là. Bonne journée. »
Simple. Respectueux. Sain.
3. Ne pas essayer de “réparer” la vie de l’autre
Je peux être humain sans être sauveur.
Et une dernière question m’a traversé : “Que ferait Jésus à ma place ?”
Dans ces instant, nous cherchons parfois un repère spirituel.
On imagine souvent Jésus comme celui qui donne tout, sans limites.
Mais les Évangiles montrent une réalité plus nuancée :
- il ne répond pas à toutes les demandes
- il discerne les intentions
- il pose des limites
- il n’agit jamais par culpabilité
- il voit la personne derrière la demande
- il aime — mais il aime avec vérité
Et c’est peut-être cela la clé :
rester ouvert, mais ne pas se laisser déborder ; rester compatissant, sans entrer dans une dynamique qui nous manipule.
Jésus ne changeait pas les personnes en leur donnant de l’argent :
il les rencontrait dans leur humanité, dans leur dignité, là où ils se trouvaient.
Cette rencontre m’a appris que le réel défi n’est pas l’autre… mais ma manière d’être dans la rencontre.
Je ne peux pas changer une vie en quelques minutes ni démanteler un système bien installé.
Mais je peux garder mon humanité tout en discernant mieux les enjeux en posant des limites. Et avec le recul, au lieu d’agir sous pression, agir par choix. Au lieu de subir une dynamique, la discerner… et rester alignés avec mes valeurs.
C’est peut-être cela, la vraie maturité dans la générosité. Apprendre à devenir plus libre car conscient d’un mauvais système qui nous a blessé et endurci dans le passé … un chemin de guérison.
… je lui ai dit non, lui ai souhaité une bonne journée et du courage et il est reparti rechauffé, avec un café dans le ventre et un pied soigné, mécontant … mais j’étais en paix!
PARCOURS DE VALEURS
ÉQUILIBRE HUMAIN
Un parcours pour retrouver l’équilibre. Pour (re)devenir acteur de sa vie.
Ce module propose un espace de respiration et de transformation — pour retrouver un équilibre personnel et relationnel durable, fondé sur des valeurs humaines simples… mais puissantes.
Ce parcours est une invitation à mieux se connaître, à reprendre les rênes de sa vie avec clarté, confiance et bienveillance.
- Générosité
Redécouvrir la joie de donner, d’ouvrir son cœur et de créer du lien. - Humilité
Accueillir ses limites, reconnaître ses forces sans arrogance, s’ouvrir à l’autre. - Poser des limites
Apprendre à dire non, à se respecter, à poser des cadres sains dans sa vie. - Émotions
Comprendre ce qui nous traverse, écouter nos ressentis, exprimer sans blesser. - Honnêteté
Être vrai avec soi-même et avec les autres, oser la transparence et l’authenticité. - Travail d’équipe
Sortir de l’isolement, apprendre à collaborer, à soutenir et à être soutenu.
Ainsi, le travail sur les valeurs ne consiste pas à les “prôner”, mais à réaligner notre compréhension de ce qu’elles signifient réellement — en déprogrammant les fausses croyances qui les déforment.
C’est cette dynamique vivante que nous vous proposons à #GlobalHumanValues à travers un cycle de six semaines : six valeurs clés selon une thématique explorées en petits groupes, selon un parcours structuré et transformateur.
Nous vous offrons un espace d’exploration, de questionnement et de croissance, où chacun peut se reconnecter à ce qui compte vraiment pour lui, en toute liberté. Un chemin qui ne trace pas des règles toutes faites, mais qui ouvre des pistes, invite à la réflexion, et encourage à vivre avec plus de cohérence, de responsabilité et d’humanité.
Rejoignez-nous dans un Parcours de Valeurs. Ces parcours ne sont pas construits sur le savoir, mais sur l’être. Un processus transformationnel nous permet de prendre conscience de nos angles morts et d’entrer dans des changements étonnants de notre caractère.
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Cordialement
pour l’équipe Global Human Values

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